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GR10.fr - La grande traversée des Pyrénées
9 juin 2011

E4-J23

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Jour23

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Du Bivouac « labach » (km 125) à la cabane d’Uls (km 129)

Ce vendredi 8 août 2008, à la première lueur de l'aube, nous levons le camp à 7h15, revigorés par une nuit sereine dans notre refuge improvisé. La destination du jour ? Le col d'Auéran qui culmine à 2176 m.

La grisaille domine le ciel, et une fine bruine rafraîchit l'air. En prévision, nous enfilons nos ponchos pour garder nos affaires au sec. La route s'élève doucement sous nos pas avant de s'enfoncer dans l'ombre d'une forêt, où un sentier abrupt se dessine. C'est dans cet écrin verdoyant que nous trébuchons, littéralement, sur un trésor : un cèpe, puis deux, et finalement un troisième. De quoi égayer notre repas de midi.

Notre progression est lente, la fatigue des jours précédents pesant sur nos épaules. Chaque jour parcouru, chaque dénivelé gravi s'inscrit dans nos muscles, et nous rappelle le rythme soutenu de cette aventure. Le col d’Auéran reste un défi, mais nous l'abordons avec calme et détermination.

Bientôt, un épais brouillard enveloppe la montagne, limitant notre visibilité. Au coeur de cette brume, nous distinguons les ombres mouvantes d'un troupeau de brebis. Et, comme pour nous récompenser de nos efforts, la silhouette de la cabane d'Uls émerge, promesse d'un repos bien mérité.

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 A la cabane d’Uls (km 129)

Nous nous accordons une pause bien méritée à la cabane d'Uls. Contrairement aux informations glanées auprès du restaurateur la veille, la porte nous accueille grande ouverte. La bruine persistante et l'air vif du matin nous incitent à chercher refuge à l'intérieur.

La pièce principale, meublée de lits superposés, nous dévoile quelques signes d'une présence récente : un livre abandonné, un sac isolé. Et là, sur la table, retenu par le poids d'une pierre, un mot griffonné par un randonneur à destination d'un autre : « Je regrette de ne pas pouvoir t'attendre, je dois rejoindre Eylie. Tu sauras comment me contacter. Voici mon mail… ».

Tandis que nous nous installons à table, la porte entrouverte laisse filtrer les sons extérieurs. Sous la bruine constante, le brouhaha des brebis qui se déplacent résonne doucement. Les fines gouttelettes, portées par le vent, se fraient un chemin à l'intérieur. Après une courte pause revitalisante, nous évoquons la route qui nous attend encore. Eylie n'est pas si loin, mais chaque pas compte.


 

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De la cabane d’Uls (km  129) au col d’Auéran (km 132)

En quittant la cabane, carte fermement en main, nous plissons les yeux dans le brouillard épais qui enveloppe tout. Un faux pas, et l'on pourrait s'égarer. Nous tâtonnons un moment, jetant quelques coups d'œil à notre boussole, avant de dénicher le bon sentier. Dans cette blancheur brumeuse, le son lointain et grave de deux chiens aboyant nous parvient.

Soudain, tels deux ombres surgissant de la brume, deux patous, d'allure imposante, se dirigent vers nous. Connaissant leur rôle protecteur vis-à-vis des troupeaux, nous réalisons, un peu tard, que nous sommes justement en plein cœur de leur domaine. Les battements de notre cœur s'accélèrent. Ces chiens, qui ne cessent de nous aboyer dessus, s'approchent encore. Au lieu de céder à la panique, nous optons pour la tranquillité, avançant avec précaution. Avec autorité mais sans agressivité, ils semblent nous guider hors de leur territoire. Pour conclure cette rencontre, l'un d'eux se soulage sur le sentier, comme pour affirmer sa dominance.

Alors que nous reprenons notre chemin, un autre randonneur croise notre route. Nous le prévenons de rester serein face aux chiens. Peu après, les aboiements retentissent à nouveau. "Courage à lui !", pensons-nous.

Toujours encerclés par cette brume, à l'approche du col, un miracle se produit : une éclaircie dévoile soudainement un morceau de ciel azur et une lueur solaire. Sans hésiter, nous immortalisons cet instant éphémère. C'est sans doute la seule occasion que nous aurons.

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Du col d’Auéran au refuge d’Araing (refuge jacques Husson)

La brume dense nous entoure tel un cocon humide, nous obligeant à concentrer notre regard sur chacun de nos pas. Privés de tout panorama, la moiteur et l'opacité du brouillard nous accompagnent. Une descente raide nous conduit enfin au refuge d'Araing, perché juste au-dessus du lac de barrage éponyme. L'architecture cubique du bâtiment se distingue à peine dans la brume.

À l'intérieur, l'accueil est chaleureux. Le réconfort d'un chocolat chaud nous fait momentanément oublier l'humidité extérieure. Assis près de nous, un randonneur partage son aventure : accompagné de son fidèle chien, il a pour ambition de rejoindre Banyuls en à peine quinze jours.

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Du refuge d’Araing à la cabane de l’étang

Juste en contrebas du barrage d'Araing, nichée dans un écrin de verdure, se trouve la cabane de l'Étang. C'est dans ce havre de paix que nous avons choisi de nous arrêter pour savourer nos cèpes fraîchement cueillis. L’intérieur de la cabane respire la propreté. Nous préparons avec soin notre repas, associant les champignons au goût boisé avec du jambon de pays, offrant une symphonie de saveurs en bouche.

Alors que nous nous délectons, un randonneur et un pêcheur nous rejoignent. Ensemble, dans une ambiance paisible, nous partageons notre déjeuner. Les récits se croisent et s'entrelacent : anecdotes de marches en montagne, secrets de pêche, rires et moments de complicité.

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De la cabane de l’Etang aux mines de Bentaillou

Naviguant à nouveau à travers un épais brouillard, nous traçons notre route. Après avoir franchi la Serre d'Araing, une descente s'amorce en direction des anciennes mines de Bentaillou. Exploitées de 1849 à 1950, ces mines recelaient autrefois du plomb argentifère.

L'ambiance sur place est étrangement mélancolique. Des reliques métalliques, rongées par le temps et la rouille, gisent sur le sol ou se balancent dangereusement dans le vide. Les entrailles de la montagne portent encore les stigmates d'une exploitation intense, se révélant à travers d'immenses cavités béantes. Poussés par la curiosité, nous nous aventurons dans l'une d'elles. C'est un endroit fascinant, où l'on ressent l'écho d'une époque révolue.

Pourtant, malgré ce tableau quelque peu post-apocalyptique, la nature s'affirme avec vigueur. Elle entame sa longue reconquête, enveloppant progressivement ces vestiges de son manteau verdoyant. Dans quelques siècles, cette scène industrielle sera sans doute engloutie, rendant ces terres à leur sauvagerie originelle.

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Des mines de Bentaillou à Eylie d’en Haut

La descente vers Eylie est abrupte, avec un dénivelé négatif de plus de 900 mètres à gérer. À chaque pas, nous redoublons de prudence, tout en sentant la proximité de la fin de cette quatrième étape. En chemin, la nature nous offre une jolie surprise : des buissons de myrtilles regorgeant de fruits mûrs et juteux. Il serait impensable de les ignorer. Nous nous accordons une pause, prenant le temps de cueillir ces petites merveilles de la nature. Après près de 40 minutes de cueillette, nous reprenons notre marche, le cœur léger et les esprits revitalisés.

Eylie d'en Haut se profile finalement à l'horizon, marquant la fin de notre aventure du jour. La fatigue est bien présente, mais elle est contrebalancée par un profond sentiment de satisfaction et d'accomplissement.

Ainsi s'achève cette quatrième étape riche en découvertes et en émotions. Des brouillards mystérieux aux mines abandonnées, en passant par les plaisirs simples d'une cueillette de myrtilles, cette journée a été une belle illustration de la magie que peut offrir la randonnée. Chaque étape nous rappelle pourquoi nous aimons tant arpenter ces sentiers et nous donne l'envie irrésistible de revenir l'année prochaine pour de nouvelles aventures. La montagne, dans toute sa majesté, nous appelle encore et toujours.

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Commentaires
J
Je suis ravi par votre site internet.<br /> <br /> Je retrouve les Pyrénées!.... Rien ne manque, le brouillard, la pluie, le soleil des sites magnifiques en pagaille, du bitume... il y a même la première gorgée de bière.<br /> <br /> Faites le HRP, C'est inoubliable.
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