E5-J30

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	De Artiès à l’étang d’Izourt À l'aube, nous levons le camp, suivant le rythme matinal auquel nous nous sommes habitués. L'atmosphère est lourde, imbibée de l'humidité nocturne, transformant l'environnement en une scène embrumée. Le GR10 emprunte d'abord une petite route goudronnée ascendante, serpentant vers le creux de la vallée. En chemin, la centrale hydroélectrique de Pradière se dévoile. À ses abords, une plaque commémorative rappelle la naissance et l'inauguration du sentier GR10, pendant qu'une autre rend hommage aux résistants de la Seconde Guerre mondiale, ayant aidé de nombreux compatriotes à franchir la ligne de démarcation. Bientôt, la route cède la place à un sentier qui poursuit son ascension vers le barrage d'Izourt. La brume, taquine, cache la beauté du paysage que nous avions espéré découvrir. Lorsque nous atteignons le barrage, le décor est moins enchanteur que prévu. Les vestiges industriels du lieu semblent avoir été réinvestis : des jeunes en quête d'un abri ont trouvé refuge dans les anciens bâtiments d'EDF, toujours alimentés en électricité. Face au barrage, qui se termine en cul-de-sac, le GR10 nous guide alors en demi-tour. Nous contournons la montagne, reprenant la direction opposée tout en gagnant en altitude.

Du barrage d’Izourt à Goulier Nous poursuivons notre route depuis le barrage d'Izourt, suivant un chemin empierré, témoin silencieux d'une activité commerciale ou pastorale d'antan. Tandis que nous marchons, des murs de soutènement massifs surgissent, révélant que cette voie fut autrefois un passage très fréquenté. Ces vestiges suscitent notre curiosité, nous laissant à supposer l'importance historique de ce lieu perdu au cœur de la montagne. Étonnamment, le marquage du GR10 semble s'être effacé avec le temps sur cette portion. Si le doute nous effleure quant à notre position, nos cartes nous rassurent et nous guident. Le ciel, toujours voilé, n'embellit guère notre parcours, le rendant plutôt monotone. Goulier se profile à l'horizon alors que la mi-journée approche. En arrivant, nous nous dirigeons vers le gîte d’étape local, où je choisis d'enrichir notre repas de midi avec une collation. J'avoue que mes provisions sont un peu limitées, et un petit complément s'avère nécessaire. Nous dénichons un banc accueillant sur le GR10, offrant un coin paisible pour notre déjeuner. Goulier dévoile alors son charme : les ruelles, les maisons soignées, ornées de fleurs multicolores, et les petits passages sinueux qui serpentent entre et sous les habitations confèrent à ce village un cachet singulier.

	De Goulier au col d’Esquerus À peine la mi-journée passée, nous entamons l'ascension vers le col d’Esquerus. Alors que nous gravissions la pente, un lointain grondement se fait entendre, brisant le calme de la montagne. Il ne fait aucun doute : un orage approche. Avec détermination, nous redoublons de vitesse, espérant prendre de l'avance sur la tempête imminente. Les éclats sonores se rapprochent, résonnant avec plus d'intensité dans le vallon. Rapidement, nous enfilons nos ponchos en prévision des premières gouttes. La recherche d'un refuge proche devient notre priorité. L’adrénaline, stimulant nos pas, fait disparaître toute fatigue, et nous avançons à un rythme soutenu, poussés par l'urgence de la situation.

Du col d’Esquerus  à Siguer En atteignant le refuge du col de Grail, quelle ne fut pas notre surprise de trouver les portes verrouillées et le lieu désert. Sans abri pour échapper à la menace de l'orage, notre seule option est de continuer jusqu'à Siguer. Nous avions entendu parler du gîte d'étape "Le Petit Gîte", recommandé avec enthousiasme par de nombreux randonneurs croisés en chemin. Alors que le tonnerre gronde au loin, nous alternons entre une marche rapide et de brèves courses, pressés de trouver un abri. Malgré la gravité de la situation, l'urgence de notre escapade nous fait rire. Nous avalons avec voracité chaque mètre d'ascension et de descente, laissant peu de place à l'appréciation du paysage environnant. Notre focus reste sur le sentier et chaque pas en avant. Contre toute attente, et boostés par l'adrénaline, nous parvenons à Siguer en trois heures, bien moins que les quatre heures quarante indiquées sur les panneaux. Épuisés, mais soulagés, nous savourons notre arrivée dans ce village accueillant.

	Le petit gîte étape de Siguer Après tant d'éloges, nous étions impatients de découvrir le gîte étape de Siguer. Dès notre arrivée dans le village, la convivialité des boulistes nous a immédiatement mis à l'aise, nous guidant généreusement vers notre destination. Le gîte, tout en simplicité, respire l'hospitalité. Un panneau, juste à l'entrée, révèle la philosophie unique du lieu : chacun contribue selon ses moyens, dans un esprit d'ouverture et de partage. Une fois installés sur les tatamis du dortoir, nous sommes attirés par les effluves venant de la vaste cuisine. C'est là que nous rencontrons Fabrice et sa fille, les âmes de ce havre. Les discussions s'envolent et s'entremêlent, touchant à la randonnée, à la culture, à l'art et à bien d'autres thèmes captivants. Même si nous n'avions pas prévu de dîner sur place, nous sommes finalement restés pour partager la fin du repas en compagnie de cette joyeuse assemblée. L'atmosphère était délicieusement chaleureuse et authentique, rappelant les festins d'antan. Alors que la soirée s'estompe, nous nous retrouvons reconnaissants pour cette escale à Siguer. Le gîte "Le Petit Gîte", avec son esprit altruiste et sa communauté vibrante, mérite toutes les louanges que nous avions entendues. En nous couchant ce soir-là, nous espérons que des lieux aussi précieux perdurent, témoignant de la générosité humaine.