Du pic Joffre au sommet du Canigou
Il nous reste encore un redoutable 500 mètres de dénivelé positif à conquérir. Si nous voulons être les témoins privilégiés du lever du soleil depuis le sommet du Canigou, il nous faut absolument franchir cette distance en moins d’une heure. Nous prenons la décision de déposer nos sacs à l’écart du sentier, allégeant ainsi notre charge pour pouvoir avancer d’un pas plus assuré et accélérer la cadence.
Le sentier devient de plus en plus technique, un défi accentué par l’obscurité et notre unique éclairage à la frontale. Le temps file, et malgré nos efforts, nous avons l’impression de piétiner. À l’aube naissante, la silhouette imposante du pic se dessine, semblant à portée de main, bien qu’il ne s’agisse là que d’une trompeuse illusion d’optique.
Finalement, 50 minutes après avoir déposé nos sacs, nous atteignons le sommet, alors que le soleil n’a pas encore daigné se montrer. Un sentiment d’enchantement et de bonheur pur nous envahit. L'instant est intense, chargé d’émotions fortes et uniques. C'était un objectif audacieux, qui semblait presque irréalisable au vu des conditions météorologiques capricieuses des jours précédents.
Nous réalisons enfin notre rêve de grands randonneurs : nous voilà seuls, perchés entre le ciel et la terre, dans un moment de grâce hors du temps et de l’espace. Malgré le vent frisquet qui nous contraint à nous blottir les uns contre les autres, nous restons là, ébahis, à profiter du spectacle pendant plus d'une heure et demie.
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